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La classification ARIA - 2011

Définie comme l’un des facteurs de risque important dans le développement de l’asthme, la rhinite allergique, affection évolutive, atteint des niveaux records au sein de la population mondiale. Ce problème de santé publique touche en effet 10 à 25 % de la population mondiale, et avec une prévalence de 30 à 35 %, elle est considérée comme la maladie allergique la plus fréquente à travers la planète. Face à sa recrudescence épidémiologique et aux graves répercussions qu’elle induit sur l’activité professionnelle, scolaire ou sociale, l’Organisation Mondiale de la Santé a adopté une stratégie globale visant à la prévenir et à la contrôler. C’est ainsi que l’OMS a réuni en 1999 un panel d’experts pour mettre au point le standard international de classification et de prise en charge de la rhinite allergique, connu sous la dénomination ARIA (Allergic Rhinitis and its Impact on Asthma ou Rhinite Allergique et son Impact sur l’Asthme). Une évolution inquiétante Depuis quelques années, eu égard notamment aux coûts directs et indirects importants qui retentissent lourdement sur le budget de la santé publique, la rhinite allergique a été reconnue comme un problème de santé publique.

La classification aria, une approche multidisciplinaire et des schémas thérapeutiques progressifs de la rhinite allergique.


Maladie inflammatoire nasale, la rhinite provoque des symptômes tels qu’une obstruction nasale, un prurit nasal avec crises sternutatoires (éternuements), une rhinorrhée antérieure et/ou postérieure, des troubles ou perturbations de l’odorat, avec parfois une participation oculaire, pharyngée ou otologique. Pour bon nombre de personnes atteintes, cette affection est prise à tort pour un simple rhume. Une confusion à laquelle certains praticiens n’échappent pas non plus, sachant que des symptômes grippaux comme la fièvre, des courbatures et des maux de tête sont les principaux distinctifs de cette affection d’origine virale. Résultat, les malades qui en souffrent, perdant confiance, n’en parlent même plus et consultent, souvent trop tard, lorsque la gêne respiratoire, les troubles du sommeil et la fatigue perturbent leur vie quotidienne et leurs performances professionnelles. Le tabagisme passif chez l’enfant, la pollution atmosphérique et la modification des habitudes alimentaires sont quelques-unes des causes généralement avancées de la rhinite allergique. Toutefois, les facteurs génétiques jouent également un rôle important. C’est ainsi que le risque allergique pour un enfant est évalué entre 20 et 40 % si l’un des parents est allergique, 40 et 60 % si les deux parents sont allergiques, 50 et 80 % si les deux sont atteints de la même symptomatologie allergique, contre 5 à 15 % si aucun membre de la famille n’en est atteint. S’il est vrai qu’il n’existe pour le moment pas de moyen efficace pour enrayer cette évolution, il faut admettre qu’au cours de ces dernières décennies, les connaissances physiopathologiques liées à cette pathologie ont connu de nombreux progrès générant de nouvelles options thérapeutiques.

Les nouveautés de la classification ARIA
En 2001, le groupe de travail ARIA (Allergic Rhinitis and its Impact on Asthma) a proposé un état des lieux des connaissances sur les principes physiopathologiques, les démarches diagnostiques et les standards thérapeutiques de la rhinite allergique. Différentes recommandations avaient alors été proposées dont l’intérêt résidait principalement dans une nouvelle classification, une approche multidisciplinaire, une orientation vers les prestataires de santé primaires et des schémas thérapeutiques progressifs. Sous l’impulsion de l’OMS, cette vision a été potentiellement appliquée pour l’ensemble de la communauté médicale mondiale. Dans cette classification, la rhinite allergique est désignée comme intermittente ou persistante selon la durée des symptômes. Une rhinite allergique intermittente occasionne des symptômes durant moins de quatre jours par semaine ou moins de quatre semaines par an alors que les symptômes d’une rhinite allergique persistante durent plus de quatre jours par semaine et plus de quatre semaines par an. Les conséquences de la rhinite allergique sur la qualité de vie du patient ont également permis de juger de la sévérité de la maladie en la classifiant en tant que légère, modérée ou sévère, ceci à partir des symptômes liés au sommeil, à la perturbation des activités quotidiennes -à l’école ou au travail- susceptibles de ranger une rhinite allergique intermittente ou persistante en légère ou modérée à sévère. Il convient de noter que cette classification ARIA concerne les patients n’ayant pas encore bénéficié d’un traitement.

Face à une rhinite allergique quelle conduite thérapeutique adopter ?
étant associée à l’asthme (20 % des cas), à la conjonctivite allergique ou à d’autres pathologies comme la sinusite ou l’otite, la rhinite allergique doit être impérativement prise en charge. Le diagnostic précoce, fortement recommandé, vise à la fois l’évaluation des voies aériennes hautes et basses ainsi que la recherche d’éventuelles complications. Après l’anamnèse, le praticien procède à l’examen du nez et du bilan ORL qui s’avère fondamental en cas de rhinite allergique persistante, en cas de symptômes atypiques ou de profession à risque de cancer du nasopharynx. Des examens complémentaires peuvent également être nécessaires. C’est le cas notamment des tests cutanés, dont le « prick test », qui conduisent à mettre en évidence l’allergie que présente le malade. Le médecin peut également avoir recours au dosage des IgE spécifiques, ainsi que des tests de provocation nasale allergéniques. La prise en charge de la rhinite allergique a pour objet de contrôler les symptômes et d’empêcher l’aggravation de la maladie. Une démarche par étapes doit être envisagée pour traiter cette affection en fonction de différents niveaux de gravité et de différentes périodicités. L’éviction des allergènes domestiques (acariens, phanères animales, blattes), qui reste à la base de tout traitement à visée préventive ou curative de la rhinite allergique, doit être associée à un traitement médicamenteux adéquat pour faire disparaître l’ensemble des signes cliniques. Dans les recommandations ARIA, les antihistaminiques et les corticoïdes, à administration locale ou générale, constituent les thérapeutiques les plus efficaces. à côté des stéroïdes nasaux définis comme étant les traitements de premier choix chez le patient adulte et chez l’enfant, sont également prescrits les anti-cholinergiques qui agissent presque exclusivement sur la rhinorrhée, et les vasoconstricteurs, vu leur fort pouvoir décongestionnant. Les décongestionnants nasaux (vasoconstricteurs locaux) peuvent être prescrits, mais pour une durée strictement limitée à huit ou dix jours, en raison des effets secondaires manifestes de rhinite médicamenteuse et des effets rebonds à l’arrêt du traitement. Enfin, les antileucotriènes tentent actuellement de prouver leur efficacité dans la rhinite allergique. Autre alternative thérapeutique, la désensibilisation. également appelée hyposensibilisation ou immunothérapie à l’allergène, elle consiste à injecter régulièrement de petites quantités d’allergènes avec augmentation progressive de la dose dans le but de voir le corps « s’y habituer ». La réaction immunitaire finit par s’affaiblir, disparaissant même chez certains sujets. Les injections doivent être effectuées toutes les quatre à six semaines sachant que le traitement s’avèrera plus efficace s’il est prescrit durant toute l’année. Sauf que ses indications, dans le cadre de la prise en charge de la rhinite allergique, sont actuellement limitées. En effet, dans certains cas très rares, le patient développe une réaction immunitaire appelée choc anaphylactique qui peut être fatale. De ce fait, la désensibilisation n’est proposée qu’aux patients présentant les formes les plus sévères ou nécessitant un traitement médicamenteux lourd. Les traitements instrumentaux, quant à eux, visent à la réduction du volume des cornets inférieurs. On y retient le laser, avec une efficacité constante atteignant plus de 93 % des cas, et la radiofréquence, qui est une technique prometteuse, mais à effet limité du fait du coût des sondes et du nombre important des séances nécessaires. La cautérisation des cornets inférieurs (ancienne technique de réduction) et la cryothérapie (technique faisant appel au froid) ont peu de place actuellement. Le traitement chirurgical, enfin, n’est indiqué qu’en cas de déviation de la cloison nasale, de polypose des fosses nasales ou pour drainer des sinus infectés. Le diagnostic et le traitement précoces des rhinites demeurent indispensables afin d’améliorer le quotidien des malades et d’éviter l’éventuelle apparition d’un asthme, une pathologie particulièrement gênante, handicapante et dangereuse. De ce fait, les chercheurs scientifiques s’activent pour une meilleure connaissance de l’épidémiologie de la rhinite allergique, son diagnostic et sa prise en charge. Preuve de ce dynamisme, les révisions constantes des recommandations existantes d’ARIA, notamment celles se rapportant à la désensibilisation sublinguale.