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La classification ARIA - 2011

S ymbole de la vie, pour tout individu, la respiration est un acte naturel. Mais pour certains, c’est loin d’être facile. Une anomalie respiratoire chronique comme l’asthme est préoccupante à tout âge en général et chez les tout-petits en particulier. Chez l’enfant, cette maladie inflammatoire des bronches figure parmi les principales causes d’absentéisme scolaire, d’hospitalisation et de fréquence des visites aux services des urgences hospitalières. Et le plus inquiétant, c’est l’augmentation constante de sa prévalence au cours des dernières décennies. Touchant plus de 10% de la population pédiatrique dans le monde, cette pathologie débute dans 50 % des cas avant l’âge de 5 ans, avec cette particularité que le sex-ratio est en faveur des garçons : 2/1. Autre constat aussi alarmant, un enfant asthmatique naît toutes les dix minutes et un enfant asthmatique sur deux présente ses premières gênes respiratoires avant l’âge de deux ans. Au Maroc, la prévalence de l’asthme chez l’enfant serait de 16%, surtout en milieu urbain.

Un enfant n’est considéré comme asthmatique que s’il fait plus de 3 bronchiolites avant l’âge de deux ans.
Actuellement, l’allergie -surtout aux acariens- semble justifier une prévalence et une morbi-mortalité de plus en plus importantes. En cause, un ensemble de facteurs dont notamment l’accroissement de la pollution et vraisemblablement des changements dans le style de vie qui augmentent le temps passé à l’intérieur des maisons, ainsi qu’une prédisposition génétique confirmée. Bien que la prise en charge de cette affection connaisse d’importants progrès thérapeutiques, l’asthme chez l’enfant reste encore sous-diagnostiqué et sous-traité. Car en fait, le terme « bronchite asthmatiforme » cache plusieurs cas d’asthme avéré, et entraîne beaucoup de confusion chez le médecin et chez les asthmatiques.

C’est aussi un trouble allergique
Pour l’OMS, « l’asthme est un désordre inflammatoire chronique des voies respiratoires entraînant des symptômes en rapport avec une obstruction bronchique diffuse, variable, réversible spontanément ou sous traitement. Par ailleurs, cette inflammation est la cause d’une hyperréactivité bronchique à de nombreux stimuli.» Il s’agit donc d’une affection bronchique chronique caractérisée par des périodes au cours desquelles les voies aériennes se rétrécissent, d’où une difficulté de respirer. Les symptômes consistent en des attaques récurrentes de respiration sifflante, d’essoufflement, d’oppression thoracique et de toux. Dans certains cas, son diagnostic s’avère difficile, car ces symptômes ressemblent à ceux d’autres maladies. Toutefois, ses caractéristiques spécifiques se résument en des crises de dyspnée expiratoire, traduites par une respiration sifflante, témoin d’une fermeture brutale du calibre des bronches à cause d’une broncho-constriction à laquelle s’associe une hypersécrétion des muqueuses des voies aériennes. La physiopathologie de l’asthme, qui reste complexe, fait intervenir l’hyperréactivité bronchique (HRB) définie comme une réponse anormale du muscle bronchique à des stimuli physiologiques comme le froid, l’effort ou l’hyperventilation. L’asthme se déclare en général de manière précoce. La majorité des enfants asthmatiques ont leur première crise avant l’âge de deux ans. Le déclencheur des crises est souvent une infection virale ou une exposition massive à des allergènes. Des études ont montré que chez les enfants asthmatiques les virus peuvent provoquer les mêmes réactions inflammatoires que celles observées dans les voies respiratoires de personnes allergiques suite à l’exposition à des allergènes. Les crises d’asthme peuvent également être déclenchées par des agents externes qui irritent les voies aériennes (pollens, acariens, phanères des animaux, moisissures…). Autres facteurs déclenchants à ne pas négliger, les produits qui sont avalés plutôt qu’inspirés par les voies aériennes. C’est le cas notamment de l’aspirine, d’anti-inflammatoires, d’agents de conservation contenus dans certaines boissons ou de certains aliments, tels les noix et les fruits de mer. Enfin, les crises d’asthme peuvent être déclenchées suite à l’inhalation de produits irritants non allergisants tels les odeurs fortes (vapeurs de peinture, produits d’entretien, parfums, inspiration soudaine d’air très froid…), voire une crise de larmes ou de rire. Chez un même enfant, ces différents facteurs peuvent intervenir en proportion variable en fonction de l’évolution de la maladie. Il est donc important de connaître les facteurs qui déclenchent une crise d’asthme chez l’enfant afin de mieux contrôler la maladie. Le fait de changer simplement quelques habitudes courantes peut énormément contribuer à prévenir des crises.

L’intérêt du diagnostic précoce
L’apparition de l’un ou l’autre des symptômes asthmatiques est une bonne raison de consulter un médecin. Il ne faut pas attendre des mois, voire des années avant de débuter un traitement de fond. Même si l’asthme du nouveau-né guérit dans environ 2/3 des cas et que l’asthme de l’enfant évolue favorablement dans 30 à 50 % des cas, il faut mettre en œuvre tous les moyens pour permettre à l’enfant de vivre normalement. Pour poser le diagnostic, l’interrogatoire consiste à déceler les antécédents familiaux et personnels (eczéma, urticaire, rhinite allergique, conjonctivite allergique), ainsi que les circonstances de survenue des crises (caractère saisonnier, contact avec un animal, ménage, poussière...). Après l’examen clinique et les explorations nécessaires pour évaluer l’asthme et son étiologie, le médecin effectue un certain nombre de tests cutanés afin de déterminer les facteurs déclenchants. Ces tests cutanés consistent à déposer des allergènes sur l’avant-bras du malade et de les piquer avec des aiguilles fines. Au terme du diagnostic, plusieurs formes d’asthme peuvent être retenues chez l’enfant. Elles dépendent des symptômes qui dominent le tableau clinique et de leur sévérité (voir tableau). Globalement, l’asthme peut être intermittent, avec des symptômes qui se manifestent durant de brèves périodes de moins de deux semaines et sont absents entre les crises, ou persistant, dans les cas où les symptômes apparaissent fréquemment, jusqu’à plusieurs fois par semaine. Cela ne veut pas dire que le premier type soit moins grave que le deuxième. Même si les symptômes sont moins fréquents, ils peuvent être aussi graves que ceux de l’asthme persistant. D’ordinaire, l’asthme intermittent se manifeste chez les enfants âgés de un à six ans et tend à disparaître à l’approche de l’âge scolaire. Les enfants qui souffrent de ce type d’asthme sont bien portants entre les crises qui surviennent principalement en présence d’un rhume, d’une infection respiratoire ou d’une exposition allergénique. L’asthme persistant peut se manifester en bas âge, mais il se déclare plus souvent à l’âge scolaire et persiste pendant l’adolescence et la vie adulte.

Quels traitements pour l’asthme infantile ?
La prise en charge thérapeutique repose sur le traitement de fond et le traitement de la crise. Les médicaments préventifs doivent être pris habituellement tous les jours afin de prévenir la survenue des crises et les exacerbations de l’asthme. Les médicaments les plus souvent utilisés sont les corticoïdes inhalés à l’aide d’un vaporisateur ou d’un doseur. Par leur action anti-inflammatoire, ils réduisent l’inflammation bronchique. Sans assurer un soulagement rapide des symptômes de l’asthme, ils sont prescrits tous les jours. D’action lente, ils permettent, avec le temps, de maîtriser les symptômes. Leurs effets indésirables sont essentiellement locaux et minimes tels que raucité de la voix ou toux irritative anodine. Les corticoïdes par voie orale ne sont d’usage qu’en cure brève pour traiter les crises d’asthme sévères. Comme traitement de crise d’asthme, les bronchodilatateurs détendent la musculature entourant les voies aériennes et aident à dégager les bronches des sécrétions qui les encombrent, facilitant ainsi la respiration. Ces médicaments agissent rapidement sur les symptômes de l’asthme. Aussi, les enfants asthmatiques devraient-ils toujours en avoir sur eux. En général bien tolérés, les effets secondaires, tels que tremblement, battements rapides du coeur, sont rares. L’administration se fait de préférence par inhalation en raison de la rapidité d’action et de la quasi-absence d’effets secondaires. De nombreux autres médicaments existent pour le traitement au long cours. Associés aux mesures de contrôle de l’environnement, ils permettent à l’enfant de s’adapter et d’abaisser son seuil d’hyperréactivité bronchique non spécifique. Bien tolérés, ces médicaments (antihistaminiques) sont utilisés seuls ou en association avec d’autres médications de l’asthme. Outre la kinésithérapie, une aide précieuse tant au décours immédiat de la crise qu’en période inter-critique, l’immunothérapie spécifique ou l’hyposensibilisation peut être également recommandée dans certains cas d’asthme stable associé à une rhinite allergique. Réalisable dès l’âge de 3 ans, sur les résultats des tests allergologiques et quand ses contraintes sont justifiées par rapport à la gravité de l’affection, le traitement dure 3 à 4 ans. Pathologie de plus en plus fréquente chez l’enfant, l’asthme devrait être de mieux en mieux soigné pour préserver la fonction respiratoire. Pour cela, la précocité du diagnostic et la surveillance régulière des crises peuvent s’avérer décisives. Le traitement adéquat est un autre garant du maintien de la bonne qualité de vie du malade. S’il est vrai que le traitement de fond de l’asthme infantile vise en général à préserver la fonction respiratoire en prévenant la survenue des crises et en empêchant l’apparition des symptômes respiratoires, ces objectifs ne peuvent être atteints que par une bonne observance thérapeutique. Le bon usage des médicaments est tout autant important. Comme ils sont souvent inhalés à l’aide d’un doseur, il convient de bien maîtriser l’utilisation de ce dernier afin que la quantité recommandée soit bien administrée.