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Rhinite allergique

De nombreux pharmaciens ont assisté à ce symposium axé sur la prise en charge de la rhinite allergique qui a été l'occasion de mettre en exergue le rôle du pharmacien d'officine dans la réussite du traitement, notamment en matière d'observance. Les échanges interactifs entre le Pr Aichane et l'assistance ont permis d'aborder tous les aspects de cette pathologie symptomatique du nez qui résulte d'une réponse immunitaire médiée par les immunoglobulines E (IgE) impliquées dans les réactions inflammatoires et la libération de l'histamine et des autres médiateurs de la réaction allergique dans le sang, et qui sont responsables de l'apparition de symptômes tels que la rhinorrhée, l'obstruction nasale, le prurit nasal et les éternuements. Cette pathologie respiratoire est considérée aujourd'hui comme un véritable problème de santé publique eu égard à sa prévalence élevée dans le monde.

Prévalence en hausse
Selon un rapport du groupe d'expert de l'ARIA (Allergic Rhinitis and its Impact on Asthma), la rhinite allergique toucherait entre 1 et 25 % de la population mondiale selon les pays. Les études scientifiques ont révélé que cette pathologie est également très répandue au Maroc, notamment dans le monde rural. Une enquête (1) menée auprès de 336 sujets issus du milieu rural de Settat a ainsi montré que 37,8 % des personnes qui y ont pris part en sont affectées avec une prévalence plus élevée chez les personnes âgées entre 15 et 49 ans. « La rhinite allergique peut altérer considérablement la qualité de vie, au point de devenir, dans certains cas, un véritable handicap pour le patient. La rhinorrhée, l'obstruction nasale, le prurit nasal et les éternuements impactent négativement les performances/la productivité au travail et à l'école et sont un motif fréquent des arrêts maladies. Son coût économique, à l'instar des autres pathologies chroniques, constitue donc un lourd fardeau pour tous les pays du monde », a expliqué le Pr Aichane.

Des causes variées
Les allergènes qui peuvent déclencher la rhinite allergique sont très nombreux. Acariens, blattes, oliviers, Blomia, latex, herbacés, poils de chats, de chiens, poussière…sont autant d'éléments qui peuvent être à l'origine de la survenue des symptômes de la rhinite allergique. D'autres facteurs tels que la pollution atmosphérique et la fumée de cigarette peuvent exacerber la rhinite et aggraver l'état du patient en cas d'exposition répétées. Certains médicaments comme l'aspirine et les anti-inflammatoires non stéroïdiens peuvent également induire une rhinite, d'où l'importance pour les professionnels de santé de connaitre les antécédents du patient avant de les prescrire ou de les délivrer.

Importance d'un diagnostic précis
Le diagnostic de la rhinite allergique est basé sur l'histoire clinique des symptômes allergiques et la détection de l'allergène responsable de leur déclenchement. Le diagnostic des allergènes a été amélioré grâce à leur standardisation qui a permis de mettre à la disposition des praticiens des extraits allergéniques afin d'effectuer des tests cutanés pour identifier les allergènes incriminés. Le recours à l'imagerie lors de l'étape du diagnostic n'est habituellement pas nécessaire. Le diagnostic de la rhinite doit par ailleurs être réalisé par un spécialiste en allergologie qui est plus à même de distinguer les différents types de rhinites et interpréter les résultats des tests cutanés. « L'asthme doit toujours être recherché chez les patients souffrant de rhinite allergique car les deux pathologies sont souvent associées. Compte tenu du caractère transitoire de l'asthme et de la réversibilité de l'obstruction bronchique, le diagnostic d'un asthme concomitant peut être parfois difficile à réaliser. Il doit nécessairement être basé sur la mesure de la fonction respiratoire et la confirmation de la réversibilité de l'obstruction bronchique », a souligné le Pr Aichane.

Une classification revue
La rhinite allergique était autrefois classée en rhinite saisonnière, professionnelle et perannuelle. Ce classement a été par la suite revu par l'ARIA et est désormais basé sur la sévérité et la durée des symptômes. La rhinite allergique est ainsi classée en intermittente et persistante et peut être soit légère, modérée ou sévère, en fonction de la gravité des symptômes et de leur retentissement sur la qualité de vie du patient. Une rhinite allergique est classée « intermittente » lorsque la fréquence d'apparition des symptômes est inférieure à 4 jours par semaine pendant 4 semaines consécutives. Elle est dite « intermittente légère » quand les symptômes n'ont pas un retentissement sur le quotidien du patient (pas de perturbations des activités quotidiennes, scolaires, professionnelles ou sportives, sommeil normal). Dans le cas contraire, la rhinite est alors considérée comme modérée à sévère. La rhinite persistante est, quant à elle, caractérisée par une présence des symptômes supérieure à 4 jours par semaine pendant 4 semaines consécutives. Elle est classée modérée à sévère quand le patient souffre de troubles du sommeil, de perturbations des activités quotidiennes, scolaires, professionnelles ou sportives et légère en cas d'absence de ces symptômes.

Traitement adapté à chaque type de rhinite<
La prise en charge de la rhinite allergique repose sur les traitements pharmacologiques, l'immunothérapie spécifique et l'éducation du patient. Le suivi des patients est nécessaire lorsqu'ils souffrent de rhinite persistante ou de rhinite intermittente sévère. Le traitement doit par ailleurs être adapté à chaque type de rhinite. L'éviction des allergènes et des facteurs déclenchant est une étape cruciale, quel que soit le type de la rhinite et le schéma thérapeutique suivi.

Rhinite allergique intermittente légère
Prescrire un antihistaminique H1 oral ou nasal ou α adrénergique nasal pendant moins de 10 jours et moins de 2 fois par mois, un α adrénergique oral (pas chez l'enfant) ou des antagonistes des récepteurs des leucotriènes (ARLT) comme le Montelukast.

Rhinite allergique intermittente modérée à sévère
Prescrire un antihistaminique H1 oral ou nasal ou un antihistaminique H1 oral ou nasal associé à un α adrénergique nasal, ou un glucocorticoïde nasal ou des cromones, ou un ARLT (Montelukast) et envisager l'immunothérapie allergénique.

Rhinite allergique persistante légère
Prescrire un Antihistaminique H1 oral ou nasal, ou un α adrénergique nasal ou des cromones et évaluer l'effet du traitement pendant 2 à 4 semaines. Si les symptômes persistent et sont légers, prescrire un glucocorticoïde. En cas d'absence des symptômes, maintenir le même traitement.

Rhinite allergique persistante modérée à sévère
Prescrire unglucocorticoïde nasal ou un glucocorticoïde oral en cures courtes, ou un α adrénergique nasal (contre l'obstruction). L'évaluation du traitement se fait en 2 à 4 semaines et, en cas d'absence d'amélioration des symptômes, essayer de déterminer les facteurs d'échec au traitement, prescrire un glucocorticoïde nasal (contre l'obstruction) et un antihistaminique H1 (contre le prurit, la rhinorrhée et les éternuements). En cas d'amélioration des symptômes, maintenir le même traitement. L'immunothérapie allergénique peut être envisagée. Ces schémas thérapeutiques obéissent à des recommandations internationales en matière de traitement de la rhinite. Ils doivent toutefois tenir compte du profil de chaque patient pour éviter des complications chez certaines populations, notamment les femmes enceintes ou les personnes souffrant de d'autres pathologies.