Véritable problème de santé publique, les infections respiratoires basses sont l’une des causes majeures de mortalité dans le monde, surtout dans les pays en voie de développement, avec une prévalence plus élevée chez les enfants, les personnes âgées et les sujets immunodéprimés. Le coût économique qu’elles engendrent est également considérable. En France, elles seraient responsables d’environ 9 % des arrêts de travail de moins de 6 mois et à l’origine de plus de 20 millions de consultations par an. Bien que leur symptomatologie clinique soit dans la plupart des cas similaire, il n’en demeure pas moins que les infections respiratoires basses constituent un groupe d’affections hétérogène compte tenu de leur étiologie qui peut être aussi bien virale que bactérienne. Ce groupe comprend notamment les pneumonies, les abcès pulmonaires et des pathologies caractérisées par un ensemble de symptômes communs, notamment une toux avec expectoration purulente.
Des risques de complications
La pneumonie, qui compte parmi les infections respiratoires basses les plus fréquentes, peut être communautaire (contractée en milieu urbain ou rural, en dehors d’une structure hospitalière) ou nosocomiale. Cette dernière est généralement plus grave, car elle affecte des personnes déjà affaiblies par une autre maladie. L’infection est localisée au niveau des alvéoles pulmonaires, situées à l’extrémité des bronchioles, et dont la fonction consiste à assurer les échanges gazeux entre le sang et l’air. Elle peut être déclenchée par l’inhalation de particules contaminées par des virus ou des bactéries, ou suite à une infection respiratoire, notamment une grippe ou une bronchite. Les symptômes, qui peuvent durer plusieurs semaines, comprennent notamment une fièvre, une toux (sèche au début, puis grasse au fil des jours) et une douleur thoracique aiguë accentuée par la toux. Le patient peut aussi ressentir une fatigue et une perte d’appétit, accompagnées de courbatures et de maux de tête. Même si elles sont rares, certaines complications telles qu’un choc septique, une méningite, une pleurésie purulente ou une détresse respiratoire peuvent survenir à la suite d’une pneumonie, nécessitant ainsi une hospitalisation et une mise sous ventilation assistée. La bronchite aiguë est une autre infection respiratoire basse très répandue. Il s’agit d’une inflammation des bronches, provoquée le plus souvent par une infection virale, qui entraîne une surproduction de mucus et une difficulté de respirer. Elle peut également être déclenchée par l’inhalation de particules de fumée de cigarette ou de moisissures, surtout chez les personnes asthmatiques ou atteintes d’une rhinite. Dans la plupart des cas, la bronchite aiguë évolue spontanément vers la guérison en moins de trois semaines. Toutefois, chez les sujets âgés ou immunodéprimés, elle peut se transformer en pneumonie. C’est également l’une des principales causes de l’exacerbation de la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO), une complication caractérisée par une accentuation de la toux, de la dyspnée et du volume des expectorations qui deviennent purulentes.
L’apport de la vaccination
Pour éviter les complications liées aux infections respiratoires basses, les spécialistes insistent sur l’importance d’instaurer certaines mesures préventives telles que la vaccination contre le pneumocoque, une bactérie qui peut être responsable, entre autres, de pneumonie et de décompensations des BPCO. Selon des études scientifiques, le taux d’efficacité de ce vaccin se situe autour de 60 %. La vaccination contre la grippe saisonnière est un autre élément clé dans la prévention contre les infections respiratoires basses. Son efficacité sur la morbidité est d’environ 30 à 40 %, mais elle permet toutefois de diminuer la mortalité de 70 à 75 %. Pour augmenter son efficacité, elle doit être complétée par des mesures d’hygiène respiratoire. En cas de bronchite chronique, il est recommandé d’effectuer un drainage des voies respiratoires basses par une toilette bronchique matinale quotidienne. Par ailleurs, les spécialistes insistent sur l’arrêt du tabagisme. Les études ont en effet révélé que la fumée de tabac anesthésie partiellement les voies respiratoires, ralentissant ainsi l’évacuation des sécrétions dans les poumons et favorisant les infections pulmonaires.
Un traitement basé sur l’étiologie
La prise en charge thérapeutique des infections respiratoires basses varie en fonction de leur étiologie. Lorsqu’elles sont d’origine virale, le recours à des traitements symptomatiques, notamment des antipyrétiques, dans le but de soulager le patient, est privilégié. L’évolution est généralement favorable, et les symptômes disparaissent au bout de quelques jours. En revanche, face à une infection d’origine bactérienne, une antibiothérapie s’impose. Pour une utilisation efficace des antibiotiques, les organismes scientifiques internationaux ont émis plusieurs recommandations relatives au traitement de chaque type d’infection. La Société européenne de microbiologie clinique et de pathologies infectieuses (ESCMID) préconise d’utiliser un traitement à base d’antibiotique face à une infection respiratoire basse associée à une comorbidité telle qu’une insuffisance cardiaque. Recommandée en première intention, l’amoxicilline, à raison de 3g/jour, reste le traitement de choix. L’association amoxicilline-acide clavulanique (3g/jour) peut être proposée en cas de terrain fragilisé. Lorsque le taux de résistance au traitement est élevé, l’usage de levofloxacine ou de moxifloxacine peut être envisagé par le médecin. De son côté, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (Ansm) a publié une mise au point ayant trait à l’usage des antibiothérapies dans le cadre d’une prise en charge d’une pneumonie aiguë communautaire ou d’une exacerbation de la BPCO. Cette mise au point, qui met l’accent sur l’importance de débuter d’urgence une antibiothérapie à base d’amoxicilline en cas de pneumonie aiguë communautaire, préconise l’instauration d’un traitement de 1g x 3/jour pendant 7 à 14 jours pour éliminer le streptococcus pneumoniae, principal agent pathogène de ce type d’infection. Lorsque l’infection se produit dans un contexte grippal, une association amoxicilline-acide clavulanique, pendant 7 à 14 jours, doit être privilégiée. Pour la BPCO, l’Ansam recommande un traitement basé sur l’intensité de la dyspnée. En cas de dyspnée d’effort survenue en dehors de toute exacerbation et expectoration franchement purulente et verdâtre, l’organisme préconise plusieurs possibilités thérapeutiques à base d’amoxicilline, de macrolide ou de pristinamycine. Face à une dyspnée survenant au moindre effort ou au repos, en dehors de toute exacerbation, l’Ansam recommande une association amoxicilline+acide clavulanique, des céphalosporines de 3e génération intraveineuse ou de la lévofloxacine. Pour autant, la prescription d’une antibiothérapie ne doit pas être banalisée afin de limiter les risques de résistance aux traitements. Les instances scientifiques internationales insistent sur l’importance d’approfondir le diagnostic et recommandent aux praticiens de n’utiliser les antibiotiques que lorsqu’ils sont sûrs que l’infection est d’origine bactérienne. Une démarche qui n’est pas toujours aisée parfois, compte tenu de la difficulté d’établir l’étiologie exacte de l’affection et d’une symptomatologie souvent similaire.